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Interview
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Jean Jouet, directeur technique de John Cockerill, à propos de l’industrie 4.0
Qui êtes vous?
Je suis Jean Jouet. Je suis ingénieur de formation et j'ai passé de longues périodes de ma carrière dans la sidérurgie en France, en Belgique et en Ukraine dans diverses fonctions: recherche, production, vente et direction d'usine. J'ai rejoint CMI, devenu John Cockerill, fin 2012 en tant que responsable du développement et de l'innovation. Mon titre officiel est Chief Technology Officer du groupe John Cockerill.
Pourriez-vous nous expliquer en termes simples ce que signifie réellement l’industrie 4.0?
Eh bien, oui, bien sûr, cela peut se résumer sur la base de trois fonctionnalités de base, aujourd'hui, nous avons la possibilité, tout d'abord, d'avoir accès à d'énormes capacités de calcul. La capacité de calcul, la capacité, la puissance des ordinateurs ne sont plus une limitation, c'est le premier point. Le deuxième point, dans le même ordre d'idées, est que la capacité de stockage des données est quasiment illimitée et que l'on peut stocker d'énormes quantités à un coût relativement faible, ce qui permet donc de stocker des données historiques puis de traiter ces données par la suite. Et enfin, le troisième élément que l'on retrouve dans notre vie quotidienne est la dématérialisation. Aujourd'hui, avec un smartphone, vous avez accès à pratiquement tout, vous avez accès à votre banque, vous pouvez donc commander vos courses, vous pouvez réserver des billets pour un spectacle; de la même manière, dans l'industrie, la dématérialisation va révolutionner les choses. Donc, ce que nous attendons d'Industriea, c'est de pouvoir profiter de ces trois composants majeurs, je dirais, du monde numérique d'aujourd'hui, pour voir ce que nous pouvons en faire dans des applications qui feront progresser l'industrie.
Pourriez-vous me donner un exemple concret d'industrie 4.0?
Eh bien, si je devais donner un exemple, j'expliquerais tout de suite son application à un sujet dont nous allons discuter, qui est la transition énergétique. Une des caractéristiques des énergies dites renouvelables, solaire, éolienne, est qu'elles sont intermittentes. Comme dirait M. Lapalis, intermittent signifie qu'ils ne sont pas toujours disponibles et, sans aucun doute, pas disponibles lorsque nous en avons besoin. Cela signifie que nous devons être capables de gérer au mieux, de prévoir au mieux, de gérer à la fois les historiques de production et de consommation. Par exemple, le zéro à quatre points permet de collecter des informations, de les traiter via des modèles de prédiction et d'optimiser en temps réel. Ceci est un exemple clé de 4.0. Et puis pour l'utilisateur, de manière dématérialisée, de suivre ce qui se passe via son smartphone. Par exemple, je recommande vivement de suivre l'une de mes applications préférées sur Internet appelée Electricitymap.org, qui a été développée par une startup dans le cadre d'un projet européen. Vous tapez electricmap.org sur votre smartphone et vous avez accès en temps réel à la production et à la consommation d'électricité dans la plupart des pays et à sa répartition entre l'énergie éolienne, solaire, nucléaire et thermique. Vous avez même le prix spot instantané de l'électricité, vous avez aussi, et c'est le but de cette application, le CO2 émis par cette production d'électricité. C'est donc ce que permet la 4.0. L'idée serait donc, dans un contexte industriel, de pouvoir développer des applications similaires, qui facilitent le quotidien, facilitent la prise de décision et optimisent le processus industriel.